L’Ergot

Tant qu’il y aura des livres

Chers amis de l’Académie, fidèles ou de passage, nous tenons tout d’abord à vous remercier. La fête anniversaire des 20 ans de notre communauté de Bressans engagés fut un succès. Nombre d’entre vous étaient au rendez-vous de cette soirée qui célébra les femmes et les hommes qui ont permis à l’Académie de la Bresse d’exister.

Née de l’idée un peu folle – à l’époque – que notre région valait bien, non une messe, mais un espace de rencontre entre amoureux de leur terroir, l’Académie est devenue l’institution que l’on connaît aujourd’hui. Institution dans le bon sens du terme : fière de son passé mais projetée dans l’avenir, convaincue que ses racines sont un ancrage nécessaire à la réussite de ses hommes et de leurs projets. Nous espérons en tout cas que vous avez passé une soirée agréable, au rythme de nos invités de marque et de nos talents locaux.

Mais je digresse et tarde à en venir au sujet principal de cette chronique dont le titre est évocateur : le livre.

Pourquoi cette soudaine incursion dans ce monde si étrange du texte imprimé ? A l’heure des réseaux sociaux, des podcasts et autres SMS, quel intérêt peut bien conserver ce médium qui demande un tel effort de concentration ? Et quid de ce sujet dans l’Ergot académique ?
Eh bien, je vais vous le dire, mais promettez-moi de ne le répéter à personne. De peur que l’on nous prenne pour des dinosaures ! Des “bouquinosaurus” plus exactement. Le 10 décembre, nous organisons notre traditionnelle soirée “Dédicaces”, preuve s’il en est que nous avons ravalé notre honte et décidé de continuer à promouvoir l’édition sous toutes ses formes.

Car les talents, que nous célébrons dans nos pages numériques ou lors d’événements comme la soirée des 20 ans que je viens d’évoquer, ou celle des Bressans de l’année que nous retrouverons le 31 mars 2022, se révèlent également dans l’écriture. Oh ! Nous n’avons pas la prétention de concurrencer l’Académie Goncourt, encore moins l’Académie Française, même si, après tout, un livre n’est jamais qu’un “dictionnaire dans le désordre” pour paraphraser Jean Cocteau. Nous souhaitons simplement donner un peu d’audience à ceux qui auront commis un forfait d’écriture.

Romans, essais, biographies, BD, j’en oublie sûrement, seront à l’honneur en cette soirée “Dédicaces”. Et leurs auteurs présents avides de rencontrer leurs lecteurs. Certains d’entre eux sont connus du plus grand nombre et publiés par une maison d’édition, d’autres attendent de l’être – ou pas – et ont recours à l’auto-édition. Mais tous auront à cœur de défendre leur ouvrage, d’entendre les critiques, d’échanger avec les sauriens curieux de la production littéraire qui leur sera présentée.

Ce moment est aussi l’occasion de renouer avec une vie presque normale, où les échanges entre humains ne passent pas uniquement par Skype ou FaceTime. Et parler autour d’un livre, c’est permettre le débat d’idées, l’expression d’avis qui s’opposent sans agression, c’est faire de la place à la nuance. L’écriture d’un ouvrage demande du temps. Du temps pour ordonner ses idées, trouver le mot et la phrase les plus justes pour les sublimer. A l’heure de l’expression instantanée, de l’émotion jetée sans filtre en pâture à travers la fibre optique, laisser du temps au temps est un luxe accessible dont nous aurions bien tort de nous priver.

Tout ça pour tenter de vous démontrer que nous n’avons pas les deux pieds dans le même sabot, à l’Académie. Et que l’on peut tout autant apprécier un bon bouquin que la bonne chère et le jus de la treille. Pas en même temps, liquides et papier faisant rarement bon ménage. Mais à des moments choisis pour l’un et l’autre. Sans modération pour la lecture. Pour le reste, à vous de voir…

Et pour confirmer cette alliance des plaisirs, je terminerai avec cette citation de notre libraire télévisuel national, épicurien s’il en fut, j’ai nommé Bernard Pivot : « Au festin de la lecture, on ne mange pas tous les livres avec le même appétit, au même rythme : avec celui-ci on pignoche et celui-là on engloutit. » Alors, pignocheurs ou gloutons de la lecture, ne manquez pas notre rendez-vous. On vous espère, que dis-je, on vous attend !