L’Ergot

Femmes on vous aime !

Était-il besoin de le préciser ? Il semblerait que oui. En ces temps où les querelles de genre font florès, il fallait bien que notre Académie apporte sa pierre à l’édifice. Avec la nomination d’une Première Ministre, l’occasion était trop belle de mettre en avant notre part de féminité.

Nous avons entendu ici et là que notre association était trop masculine pour être honnête, voire un peu machiste. Il est vrai que nous n’avons pas atteint la parité parmi les Académiciens. Pourtant, aucun ostracisme ne préside à nos choix dans l’accueil des attachés de Bresse. Les candidates étaient jusqu’à présent probablement moins nombreuses que les candidats. Et nous n’avons pas appliqué de quotas. Nous ne le ferons pas dans l’avenir non plus. Nous nous contenterons d’encourager autant que faire se peut la gente féminine à nous rejoindre.

D’ailleurs, cette année, pas moins de quatre femmes viennent grossir les rangs des attachés de l’Académie. Toutes motivées par la promotion de notre région et prêtes à nous faire bénéficier de leur passion et de leur engagement.

Et s’il était besoin de prouver que nous sommes à l’écoute de la voix féminine de notre Bresse, il suffit de regarder le palmarès de nos Bressans de l’année. Mélissa Da Costa et Charlène Favier ne sont d’ailleurs pas les premières à être ainsi récompensées, même si les hommes restent majoritaires. N’oublions pas non plus que cette année, deux autres femmes furent nos Coups de Cœur : la photographe Florence Etienney et la cueilleuse de mémoires Adeline Guillemaut. Et encore une fois, nous nous refusons à respecter des quotas qui ne feraient qu’entacher la légitimité des récipiendaires.

Allez, en ne reprenant que les dix dernière “promotions”, pour que cet édito reste dans un format acceptable, on se souviendra des musiciennes Doriane Soler et Élina Cadoux, de Fleur Peyfort, costumière de la Comédie Française, d’Élisabeth Perrin, journaliste, de Clémentine Beauvais, écrivaine, de Véronique Ellena, photographe, de Françoise Cartade, directrice de festival, d’Annie Cordenod et de Jeanine Bernolin, propriétaires investies de lieux de convivialité (ben oui, les bistrots quoi !). Sans oublier nos “femmes Robin” mère et fille, ambassadrices de la Bresse via le folklore et leurs productions agricoles…

Elles furent Coups de Cœur ou Bressanes d’honneur parce qu’il n’y a qu’un ou qu’une Bressane de l’année – en 2022, nous avons compensé notre absence de 2021. Certaines ne figurent pas dans ce rappel de palmarès mais leur participation au sein d’une institution, d’une entreprise ou d’une équipe récompensée en tant que telle doit être mentionnée.

Cela fait longtemps que nos Bressanes de naissance ou d’adoption n’ont jamais hésité à mettre leurs talents en avant. Aussi loin que l’on remonte dans le temps. Je passerai vite sur Marguerite d’Autriche dont j’ai parlé récemment dans “l’Ergot”. Certaines sont moins connues ou ont été oubliées. Qui se souvient de Marie-Reine Blanchard, née à Bourg, et autrice de bandes dessinées pour enfants ? On a oublié Élizabeth Vailland, dont le mari Roger a peut-être éclipsé les talents de comédienne et d’écrivaine et son passé de résistante et de militante, notamment aux côtés de Jane Fonda.

On pourrait citer Élisa Blondel, artiste peintre du XIXème siècle, ou Annette Abrard, sa consœur du XXème, Delphine Renot, actrice de théâtre et de cinéma pendant les années folles, Augustine Kaiser, chanteuse de café-concert.

Dans un autre registre, voilà Clotilde Bizolon, dite la Maman des Poilus ou Marie Bourgeois, 3 étoiles au Michelin dans les années 30.

Vous allez me dire que je ne cite que des figures historiques qui demeurent seulement dans la mémoire de quelques érudits – je ne m’y inclus pas, Wikipédia pallie mon ignorance – et que je ne valorise pas les actrices contemporaines de notre pays de Bresse. C’est exact et parfaitement volontaire. Si je me risquais à citer quelques personnalités marquantes de notre époque, au risque d’en oublier d’autres, je désignerais peut-être une prochaine Bressane de l’année. Ou j’enterrerais involontairement sa désignation pour que l’Académie ne soit pas accusée de favoritisme.

Je vous laisserai donc prendre les paris sur les nominations à venir.

A propos de pari. Je prends celui-ci. Un jour prochain, celle qui me succédera dans la rédaction de cet Ergot (si l’Académie lui prête vie) rédigera peut-être un édito intitulé “Femmes ou hommes, on vous aime”.

La femme est l’avenir de l’homme, disait le poète. Et réciproquement ?